C’est la rentrée,
De nos jours, les parents n’ont plus peur que leur enfant ait des mauvaises notes, une mauvaise instruction. Non, ils ont peur que leur enfant soit harcelé.
La saison dernière, un papa m’a demandé comment je pouvais aider sa petite fille qui selon lui, était harcelée dans sa classe. La petite était en maternelle, âgée de 4 ans.
Cela ne vous effraie pas, moi si !
Peut-être qu’il n’y avait pas eu harcèlement, que le papa a exagéré ? Dans tous les cas, la souffrance de l’enfant à l’école a bien été perçue par le parent. Ce n’est donc pas anodin.
Dernièrement, j’organisai un atelier de coaching collectif. Sur 5 adultes, 3 ont été harcelés à l’école ! Entre cette petite fille et les témoignages de ces adultes…des années sont passées.
Rien n’aurait changé ?
Comment se fait -il que nous ayons ce sentiment de crainte au sein d’institution ou la sécurité devrait être la priorité.
À qui la faute ?
Mon expérience auprès des enfants m’a appris deux choses :
- Un enfant qui est bien dans ses baskets ne harcèle pas les autres élèves
- Un enfant qui est bien dans ses baskets ne se laisse pas harceler sans rien dire
et
- Un enfant harcelé est une victime
- Un enfant harceleur est une victime
Alors, pourquoi ne pas créer une matière sur l’estime de soi pour enfants, ados, et jeunes adultes dans les programmes scolaires.
C’est quoi l’estime de soi ?
La valeur que l’on se fait de soi-même dès l’enfance (et qui reste à l’âge adulte) construite essentiellement par le regard et le jugement «interprétés ou non » d’autrui, dans son environnement familial, scolaire, associatif et autres.
Un enfant qui reçoit des encouragements, de l’amour, de la reconnaissance notamment du monde adulte perçoit son importance et développe son estime de soi. Il est confiant, n’appréhende pas l’échec, ose se mettre en action .
C’est un enfant qui repère facilement le bien du mal, qui n’a pas peur de s’exprimer et qui n’est pas tétanisé par le jugement des autres.
Un enfant qui a une bonne estime de soi :
- À une vision juste de ce qu’il est ( bye bye l’enfant roi)
- Exprime ses sentiments, ses préférences et ses idées
- N’a pas peur de se tromper
- Sait se faire respecter
- Respecte les autres avec leur différence
Et surtout, il devient un adulte épanoui, confiant et authentique.
L’estime de soi est-elle abordée à l’école, au collège, au lycée ? NON
– Parce que les classes sont sur-chargées pour s’occuper de la personnalité de chacun
- Parce qu’une pression folle est exercée sur les professeurs d’écoles par leur hiérarchie et qu’ils n’ont aucune liberté d’action. – Parce que le budget est tellement serré que tous les outils créatifs (dessin, peinture, poterie, chant, théâtre) essentiels au développement de l’enfant ont disparu.
- Parce qu’il n’existe plus d’endroit (tel que l’infirmerie scolaire) où les enfants peuvent se réfugier pour parler, raconter, se plaindre de leurs petits et grands bobos sans déclencher la sphère très lourde et imposée par les adultes sans leur consentement du suivi psychologique.
Acquérir de l’estime de soi fait partie de l’éducation des parents, c’est vrai.
Mais si nous reprenons chaque critère important de l’estime de soi, à mon sens, l’école ne les développe pas suffisamment et je dirai plus, elle est en contresens :
Amour de soi
Est-ce-qu’évaluer, noter un enfant lui donne une véritable vision de son potentiel, intelligence, instruction ?
Appréciation de soi
Est-ce-que le système scolaire laisse une petite part à l’expression créative non formatée par le programme scolaire, sans avoir peur de se faire juger ?
Confiance en soi
Est-ce-que l’école, le collège, le lycée de notre pays apprennent à nos enfants à considérer les erreurs n’ont pas comme des échecs mais comme des expériences qui lui donneront confiance à l’âge adulte pour se lancer dans ses rêves de réalisation personnels ou professionnels.
Ces trois critères sont les fondements de l’estime de soi pour vivre une vie épanouie à l’âge adulte.
Alors, est-ce qu’un manque d’estime de soi peut expliquer à lui-seul le harcèlement ?
Sans doute pas mais cela y contribue largement.
Dans mes cours de sport, à la fin de chaque séance, quelques soit l’âge, je demande à mes élèves comment la séance s’est passée pour eux, est-ce-qu’ils ont quelque chose à exprimer, des questions à poser. Et c’est silence radio, les enfants n’osent pas parler ! Ils n’ont pas l’habitude d’exprimer leur ressenti, leur envie.
Un enfant qui parle aisément de ses émotions est un enfant libéré de ses craintes, doutes, peurs, hontes.
Il existera toujours des enfants mal dans leur peau qui exerceront leur pouvoir sur d’autres enfants (« futur chéfaillon adulte »). Ils repèrent leur proie, deviennent meneur d’un groupe et s’amusent à s’acharner sur un enfant qui souvent n’a pas assez de répondant pour se défendre.
Une enfant harcelé:
- est victime de moqueries verbales, psychologique qui peuvent finir par des actes physiques
- est très sensible.
- recherche souvent l’appartenance d’un groupe ou l’amitié d’un enfant en particulier
- ne sait pas comment exprimer sa peur parce qu’il a honte de ce qui lui arrive
- considère qu’il a une particularité (taille, âge, couleur de peau, de cheveux, de potentiel physique ou intellectuel, milieu social, …) qui le différencie des autres et il ne l’assume pas.
Tous ces stigmates de l’enfant harcelé peuvent être empêchés ou diminués en travaillant dès le plus jeune âge sur l’ESTIME DE SOI.
Intervenir dans les écoles et parler de harcèlement est un premier pas mais cela reste insuffisant. Il faut un travail en profondeur mais pas entre adultes…avec les enfants.
Ouvrons les portes des établissements pour créer de nouvelles collaborations entre professionnels de diverses spécificités avec les enfants dans ce domaine spécifique de l’estime de soi pour que ces derniers ne subissent plus ce fléau du harcèlement qui ne semble pas diminuer.